Château

En Ile-de-France, le château de Dourdan est l’un des seuls édifices du XIIIe siècle qui ait conservé l’essentiel de ses structures

Le château fort

Le château de Dourdan est achevé vers 1222 par Philippe Auguste.

En Ile de France, il est l’un des seuls édifices du XIIIe siècle qui ait conservé l’essentiel de ses structures.

Un château médiéval

Philippe-Auguste construit un château fort à Dourdan, poste frontière du domaine royal

Entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, les Capétiens (Français) et des Plantagenêts (Anglais) sont en guerre. Le roi Philippe II Auguste engage alors un important programme de constructions militaires. Le château de Dourdan défend la partie sud du domaine royal et protège la route commerciale du blé cultivé dans la plaine de la Beauce. La date de début de construction de la forteresse est inconnue. Mais une charte d’avril 1222 mentionne pour la première fois l’existence d’un château neuf.

De générations en générations

Louis), petit-fils de Philippe Auguste, accorde la propriété du château à sa mère Blanche de Castille. En 1270, sa femme Marguerite de Provence possède le château  grâce au douaire, terme désignant la portion de biens que le mari réserve à son épouse dans le cas où celle-ci lui survivrait.

En 1307, le château est donné en apanage à Louis comte d’Evreux, frère du roi Philippe IV le Bel. Sa famille en sera propriétaire jusqu’en 1400. Le domaine est cédé par testament à Jean de Berry, frère de Charles V. Il embellit l’ancien logis royal, comme en témoigne la célèbre enluminure figurant dans Les Très riches heures. À sa mort, Dourdan et Étampes sont léguées à son arrière-petit-fils Jean de Bourgogne.

La guerre de Cent Ans

Pendant la Guerre de Cent Ans, le château et la ville sont assiégés à maintes reprises au cours de la lutte fratricide entre les partis Bourguignons et Armagnacs. La ville est attaquée en 1428 par les troupes anglo-bourguignonnes dirigées par le comte de Salisbury. La population est décimée. En 1477, Louis XI réintègre Dourdan dans le domaine royal.

En 1513, Louis XII est ruiné par les guerres. Il engage Dourdan à Louis Malet de Graville, ancien conseiller de Louis XI. A sa mort, le domaine est rendu au roi. François 1er, propriétaire de la ville, l’offre en 1536 à sa favorite Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes. Cette possession lui est reprise par Henri II en 1547 pour être vendue à François de Guise.

Les guerres de religions

La forteresse médiévale, très endommagée, a été arasée au début du XVIIe siècle

Pendant les Guerres de Religion, lors de la seconde moitié du XVIe siècle, Dourdan est sous l’autorité du duc de Guise. Il est le chef de la Ligue, le parti catholique en lutte contre le parti protestant. Afin de rétablir son autorité, le roi Henri IV décide de reprendre possession des villes aux mains de la Ligue. Ayant reconquis Chartres et Auneau, le roi charge le maréchal Biron de s’emparer du château de Dourdan.

Cette vieille fortification est incapable de résister à un siège mené par une artillerie moderne. De ce fait, Jacques Dargiens, le capitaine de la Ligue chargé de sa défense, tente de le renforcer. Il fait construire une plate-forme de tir contre la courtine sud en comblant de terre d’anciens bâtiments médiévaux pour recevoir l’artillerie défensive. La courtine ouest est renforcée grâce à des talus de terre pour amortir les chocs des boulets ennemis.

Le siège de 1591

En 1591, le siège soutenu par l’armée royale de Henri IV endommage gravement le château. Il perd alors toutes ses parties supérieures : toitures, chemins de ronde… Les murs d’enceinte sont partiellement ruinés. Le logis royal et la chapelle sont détruits. Dépourvu de ses attributs défensifs, le château de Dourdan perd sa fonction militaire.

En 1597, le château est vendu à Harlay de Sancy, surintendant des finances de Henri IV, qui reconstruit un logis à l’emplacement de l’aile sud détruite. Il est destitué par la suite de ses fonctions. Le château est alors donné au nouveau surintendant des finances Maximilien de Bethune, duc de Sully. Celui-ci projette de faire du château un lieu de résidence et entreprend de nombreux travaux de restauration. Il fait notamment combler le fossé entre le donjon et la cour et fait araser les parties hautes des tours et des courtines, abîmées par le siège de 1591, leur donnant ainsi leur élévation actuelle.

Un château prison

Le château sert de lieu de détention de 1672 à 1852

Louis XIII rachète Dourdan à Sully et l’octroie à sa mère Marie de Médicis. En 1652, Louis XIV engage Dourdan à sa mère Anne d’Autriche. Le château est laissé à l’abandon et dépouillé de ses meubles par les gouverneurs qui en ont la charge.

Les aménagements de la forteresse en prison royale

Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, reçoit Dourdan en 1672 qui désormais n’appartient plus à la Couronne. Le château est remis en état mais les appartements demeurent vides et fermés. Philippe d’Orléans le transforme alors en prison. Les anciennes prisons de la ville se trouvaient jusqu’alors non loin de la forteresse, rue de la Vieille-Geôle (actuelle rue de l’Abreuvoir). En 1710, le donjon est réaménagé avec un faux plancher qui divise la salle de garde en deux niveaux. Des barreaux de fer ferment toutes les ouvertures, des portes munies de guichets et de verrous sont installées.

Une prison départementale

A la Révolution française, en 1791, le château est acheté par le département de Seine-et-Oise. Il devient alors prison départementale. Les hommes et les femmes sont désormais séparés. Le donjon ainsi que les bâtiments disposés le long de la courtine nord servent de prison pour les hommes. Les femmes occupent désormais toute l’aile sud, à l’opposé du donjon. La cour est divisée par un grand mur érigé en 1796. De part et d’autre, sont dressés des ateliers de tissages où travaillent tous les prisonniers.

En 1818-1819, la prison départementale est transférée à Poissy. Une prison municipale et un dépôt de militaires sont maintenus jusqu’en 1852.

Un château privé

Le château est transformé en demeure privée

En 1852, le château est mis en vente. Il est acheté par un notable dourdannais, Amédée Guénée. Il veut sauver la vieille forteresse médiévale de la ruine. Il s’emploie à dégager la cour de ses adjonctions pour y créer un jardin agrémentée d’une serre. Le pont d’accès est consolidé. Un escalier de pierre est construit le long de la courtine sud pour accéder aux fossés.

Amédée Guénée lègue par testament le château en 1863 à ses cousins, la famille Guyot. Louis-Jacques Guyot (1803-1864) n’est propriétaire que le temps d’une année. Cet homme cultivé fait paraître des articles de philosophie, de littérature et des recueils de poèmes sous le pseudonyme de Ludovic Guyot. A son décès, sa veuve Elisabeth de Trémery conserve l’usufruit de la moitié du château. L’autre part revient en indivision à ses héritiers, Joseph et Caroline, leurs deux enfants.

Joseph Guyot

A la mort de sa mère en 1888, Joseph Guyot rachète la part de sa sœur Caroline et devient l’unique propriétaire. Il transforme alors le château en une demeure privée. Il y installe tout le confort de son époque (radiateurs en fonte…) et décore les façades d’éléments néo-Renaissance. Il poursuit l’œuvre d’Amédée Guénée en créant un parc romantique avec parterre, jardin lapidaire, promenade… De son union avec Marie Guibout, naît au château en 1894 Elisabeth qui sera leur unique héritière. Il lui fait construire un ravissant jardin d’hiver sur l’ancienne plate-forme de tir.

La reconnaissance de la valeur historique du château intervient avant même le décès de Joseph Guyot. En 1926, le château est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Quatre décennie plus tard, en 1964, le classement au titre des Monuments historiques permet une protection complète du site.

Elisabeth Gaillard de la Valdène

Elisabeth Guyot (1894-1969) épouse en 1919 le comte Léopold de Gaillard de la Valdène. Après la mort de son père en 1924, Elisabeth délaisse le château. Elle part vivre avec son époux à l’étranger pendant une longue période. Ils reviennent s’installer à Dourdan en 1952. La comtesse de Gaillard vend en viager le château à la Municipalité en 1961, qui en devient pleinement propriétaire à sa mort en 1969.